L’écrivaine française Michèle Foulain retrace dans ses écrits sa passion pour l’Egypte

Test Acount Dimanche 29 Juillet 2018-13:38:54 Dossier
Michèle Foulain avec l'équipe du Progrès Egyptien
Michèle Foulain avec l'équipe du Progrès Egyptien

Surnommée par son père «la blonde d’Egypte» et «méchmécha» par ses amis égyptiens Michèle Foulain est une passionnée d’Egypte. Sa plume sincère, son cœur généreux mettent en valeur son attachement à l’Egypte.A sa cinquième visite en Egypte, elle demeure tout autant amoureuse et captivée par son deuxième pays. Une visite par an d’environ un mois qui permet de la recharger.L’auteur imbattable du fameux ouvrage «A l’ombre des remparts», l’écrivaine bretonne, Michèle Foulain se livre exclusivement au Progrès Egyptien. Un témoignage vibrant sur son parcours d’écrivaine et sur sa passion de l’Egypte.

 

Ont assisté Chaïmaa Abdel-Illah, Soha Hussein Gaafar, Hanaa Khachaba et Nermine Khattab

Rédigé par Dr Nesrine Choucri

 

Le Salon du Progrès Egyptien: Pourriez-vous nous parler de votre attachement à l’Egypte? Comment a-t-il commencé?

Michèle Foulain:Dès que je suis venue pour la première fois en Egypte, c’est le coup de foudre. Je vais dans des endroits pour la première fois où j’ai le sentiment d’y être déjà aller. Forcément, il y a quelque chose d’un peu surnaturel, spirituel quelque part. Je pense que j’ai dû effectivement avoir une autre vie en Egypte. Et, lorsque je suis en France, je n’ai qu’une hâte, c’est de revenir ici.

J’aime autant l’Egypte antique que l’Egypte actuelle. Je ne les dissocie pas l’une de l’autre. Il y a aussi les gens, j’ai de bons amis en Egypte qui m’accueillent à bras ouvert et qui m’attendent avec impatience. Je vis toujours des moments extraordinaires ici. Et, c’est un attachement, une histoire d’amour partagé. C’est-à-dire que j’aime profondément l’Egypte et je crois qu’elle me le rend aussi.J’ai beau visiter des endroits que ce soit au Caire, au ailleurs comme à Assouan, à chaque fois, j’ai la même fascination pour ce pays, parce que c’est à la fois différent, ressemblant et les gens sont partout accueillants etchaleureux. Je n’ai pas de mots pour décrire cela. C’est pour cela que lorsque je suis en France, je souhaite revenir.

S.P.E.: Quelle est la ville d’Egypte la plus proche de votre cœur?

M.F.: Je vais dire quelque chose qui va être une banalité parce que je ne suis pas la seule qui la ressent. J’ai éprouvé une très grosse émotion quand je suis allée à Philae. Philae m’a énormément impressionnée et ma visite dans son temple m’a marquée. Je n’avais pas de mots, j’avais plus de mots. J’étais ailleurs, j’étais dans un autre monde. Donc, sinon, j’aime à peu près toutes les autres villes. J’adore Louxor, j’adore le Caire. Cette fois-ci, je suis restée uniquement au Caire.J’ai une tendresse, une tendresse infinie pour le Fayoum. Je suis allée visiter les cascades de Rayan. C’est pareil, c’est fabuleux. On voit tout le désert, puis tout d’un coup, on voit de l’eau. Et, puis moi, j’adore le désert. Le désert m’apaise. J’aime marcher dans le désert. C’est ce mélange de désert et de cascades d’eau qui est surprenant.J’ai un ami égyptien qui me disait: «Tu connais mieux l’Egypte que moi».

S.P.E.: Sur votre page Facebook, vous témoignez d’un grand amour pour l’Egypte, d’une vraie passion. D’ailleurs, vos paroles sur l’Egypte nous apprennent à redécouvrir notre pays. Pouvez-vous en parler davantage?

M. F.: Quand je vais dans les universités égyptiennes, c’était un peu la mission que je me suis donnée, c’est de réapprendre aux jeunes Egyptiens à aimer leur pays. Parce qu’à chaque fois, on me dit: «J’ai envie d’aller en France». Je leur dit: «Arrêtez! La France ce n’est pas l’Eldorado». Je leur dit aussi: «Vous habitez un pays magnifique, un pays qui va avoir besoin de vous, ce n’est pas maintenant qu’il faut le lâcher».

Tout est magnifique en Egypte. Vous avez un pays qui est incroyablement beau. Tout est plein de surprises. On traverse une rue et hop, on est déjà devant un nouveau paysage. L’Egypte c’est un panel de couleurs, de parfums… Malheureusement, je crois que certains jeunes Egyptiens ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont. C’est vrai.

S.P.E.: Vous avez rédigé six œuvres jusqu’à présent, le sixième «Les larmes du Nil», combien d’œuvres parmi les six étaient vraiment inspirés de l’Egypte?

M.F.: Le premier c’était «Une fleur de blé noir sur les Pyramides». La fleur de blé noir c’est l’ingrédient avec laquelle on fabrique le blé pour fabriquer les galettes bretonnes. D’où, cette fleur de blé noir me représente. J’avais choisi ce titre-là parce que c’est comme si j’avais dit une bretonne sur les Pyramides. Cet ouvrage est un récit de ma découverte de l’Egypte avec toutes les aventures qui m’étaient arrivées. C’est aussi un rappel de ce qu’avait vécu l’Egypte au moment de la Révolution du 30 juin, etc…

Le second ouvrage sur l’Egypte «Les larmes du Nil» représente la suite du récit. Ce ne sont pas des romans, c’est presque un récrit. D’ailleurs, un journaliste en France, m’a dit que c’est presque un guide de voyage. Alors, on pose souvent la question, pourquoi «Les larmes du Nil»? Alors, j’ai une amie égyptienne chanteuse, Hala Saleh. L’année dernière, elle m’avait invitée avant que je parte en France à dîner sur un bateau. Quand nous sommes arrivées, le Nil avait monté un petit peu en hauteur et le restaurateur avait mis une planche. Et, alors, mon amie m’a dit: «Tu vois quand tu pars, même le Nil pleure». D’où, le titre «Les larmes du Nil». Cet ouvrage m’a pris neuf mois.

S.P.E.: Après cinq ans de voyage en Egypte, avez-vous pu apprendre la langue arabe, surtout que vous écrivez sur votre page Facebook souvent des mots arabes comme «sabah el-kheir» ou «sabah el-fol»?

M.F.: Je parle quelques mots du dialecte égyptien. Je les ai appris avec mes amis égyptiens. Comme je circule beaucoup en taxi, je suis obligée de parler. Je peux communiquer avec quelques mots et je peux comprendre l’arabe, si vous parlez doucement. Si vous parlez vite, je ne comprends rien. Quand vous parler vite, il y a un tel débit que je n’arrive pas à suivre.

S.P.E.: Cette année, en Egypte, vous étiez pour la période du 30 Juin, et vous avez écrit sur votre page Facebook des mots très touchants pour tous les Egyptiens en saluant cette révolution.Quand a éclaté la première Révolution du 30 juin, comment avez-vous vécu cette situation et comment aujourd’hui cinq ans plus tard, vous la vivez?

M.F.: Je l’ai vécue avec passion. J’ai vu ces Egyptiens et j’étais très admirative. Ils nous ont donné une leçon de patriotisme. J’ai vraiment tiré mon chapeau aux Egyptiens le 30 juin 2013 parce que les gens ont manifesté partout. J’ai encore des images qui me traversent la tête. Tous ces gens avec leur drapeau qui vraiment ne voulaient pas de cet intégrisme. J’ai vraiment trouvé ça magnifique.

Cinq ans plus tard, quand j’y repense, j’ai toujours les mêmes émotions. Je sais que l’Egypte traverse une crise économique difficile, que la situation n’est pas simple, mais, comme j’essaye de le dire à tout le monde, ce n’est pas une crise égyptienne, c’est une crise mondiale. En France, on souffre, dans tous les pays de l’Europe, on souffre. On souffre aujourd’hui partout dans le monde. Donc c’est vrai que c’est difficile. On se demande comment tout cela va se finir. Mais, moi, je suis quelqu’un d’optimiste. Je me dis que ça ne va pas pouvoir continuer comme cela indéfiniment. Ce n’est pas possible. Donc, je me dis qu’il va y avoir forcément à un moment donné un renversement de vapeur et qu’il va se passer quelque chose qui va faire que les choses vont finir par s’améliorer. Moi, je le crois très fort. Je vais y croire absolument. Quand quelqu’un me dit les prix ont augmenté de 30% en Egypte, je leur dis: «c’est partout». En France, il y a de plus en plus de pauvres.

S.P.E.: Ce cinquième voyage en Egypte, qu’avait-il de particulier?

M.F.: Ce cinquième voyage était différent, parce quej’ai beaucoup moins voyagé en Egypte. Je suis restée au Caire, mais c’est aussi ce que je voulais faire. J’étais venue dans un but, c’était profiter de derniers jours de Ramadan, profiter de la fête. Depuis, j’essaye de faire des choses, je suis allée au Fayoum, j’ai fait pas mal de choses. Puis, cela me permet de passer plus de temps avec mes amis. Les autres années, je n’ai jamais eu assez de temps. Je voyageais partout. Après je n’avais plus assez de temps. Cette fois-ci, j’ai pris mon temps, j’ai visité mes amis que je voulais voir. Cette année, je voulais louer un appartement pour être autonome. Mais, ça ne s’est pas passé comme je le voulais. Mes amis m’avaient retrouvé un appartement, mais le propriétaire à changer d’avis lorsque j’étais en avion. Alors, je suis retrouvée sans rien. C’est un ami qui m’a proposé alors d’habiter chez sa maman. Je ne veux pas aller à l’hôtel, je préfère être autonome et de voir comment je débrouille en presque-égyptienne.

S.P.E.: Ramadan en Egypte et les jours de la fête, c’était votre première fois. Comment vous les avez vécus?

M.F.: C’était quelque chose dont je rêvais. C’est impressionnant au niveau de la nourriture, mais je ne suis pas une grosse mangeuse, je dois dire que j’ai été très impressionnée. J’ai fait des iftars partout. J’ai même pris un iftar à la rue Al-Moezz. En fait, il y a beaucoup de gens qui me disent, mais tu ne vas pas à Hurghada, tu ne vas pas à Charm El-Cheikh, et je leur dis que ce n’est pas ça qui m’intéresse. Moi, j’ai envie d’être au contact des Egyptiens. J’ai envie de vivre la vie des Egyptiens au jour le jour, je n’ai pas envie d’aller me reposer sur une plage. Cela ne m’intéresse pas du tout. La mer, je la vois depuis chez moi, toute l’année puisque j’ai vue sur mer. Je trouve qu’il y a d’autres choses plus intéressantes. J’ai des amies françaises qui vont à Hurghada. Moi, je ne comprends pas, cela me dépasse. Côté mer Rouge, je suis déjà allée à Ras Sedr.

S.P.E.: Pouvez-vous nous parler de votre carrière d’écrivaine? Vous ne l’avez pas commencé tôt?

M.F.: J’ai commencé ma carrière d’écrivaine il y a dix ans. J’ai eu un grave accident, j’étais gravement malade. Je portais ces histoires en moi depuis longtemps. Je voulais sortir de ma tête, tout le système médical. C’est vraiment très lourd et donc, je me suis mise à écrire mon premier livre «A l’ombre des remparts». Et, puis, c’était un enchaînement, parce qu’à ma grande surprise, le livre était un best-seller. Je me rappelle toujours mon éditeur qui m’avait dit: «Un premier roman d’un auteur inconnu, ça fera maximum 500 exemplaires». Et, j’ai publié un best-seller 650000 exemplaires à la surprise générale.

S.P.E.: Comment avez-vous fait la découverte de l’Egypte la première fois?

M.F.: Et, bien, c’était une promesse que je m’étais faite à moi-même. Mon père connaissait l’Egypte. Mon père a beaucoup vécu au Moyen-Orient, au Liban et en Syrie. Il a visité l’Egypte, il en parlait souvent quand j’étais enfant. Et, d’ailleurs, il m’a surnommée la blonde d’Egypte. Je ne sais pas pourquoi. Et, puis, j’avais envie de connaître ce pays. Et, la vie a fait que je n’ai pas pu le faire plutôt. Et, lorsque je suis tombée malade, quand j’étais sur mon lit d’hôpital, je me disais si jamais je m’en sors, j’irais en Egypte. C’est comme ça que j’ai découvert ce pays qui ne m’a plus relâchée.

S.P.E.: Quels sont les futurs projets en tant qu’écrivaine?

M.F.: En effet, on m’a dit que c’est possible de traduire mes ouvrages du français vers l’arabe. Des amis égyptiens m’en ont parlé. La fois prochaine, je vais venir plutôt en mars, parce que j’ai un projet important, un colloque qui va être organisé par l’Université du Caire. Il s’agit d’un grand colloque sur la francophonie. J’y animerais un colloque et des ateliers autour des relations France-Egypte. Le titre sera «La Marianne et un mot égyptien».

S.P.E.: Un dernier mot, quel est le secret de votre beauté intérieure et extérieure ainsi que votre visage rayonnant?

M.F.:L’eau du Nil. En France quand on me pose cette question, je dis toujours c’est grâce au Nil. Je n’ai pas de secret. Je parlais tout à l’heure de la maladie qui m’a frappée, et je crois que cela transforme radicalement une vie. Dans la vie, je sais ce qui est important et ce qu’il ne l’est pas. C’est pour cela que je suis devenue quelqu’un de profondément optimiste, parce que par là où je suis passée, ce que j’ai vu, ça m’a donné une énorme leçon de vie. Et, puis, je m’occupe de mon fils qui est handicapé, donc tout cela, ce sont des choses assez lourdes dans la vie. C’est pour cela que j’adopte quand même un regard positif, je relativise tout le temps.

 

 

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